Cellules souches : Le point de vue d’Olivier Perreau
L’une des causes principales de la réforme chez les chevaux de sport sont les atteintes locomotrices. On estime à l’heure actuelle qu’environ 15 à 20% des atteintes ostéoarticulaires peuvent être soignées via les cellules souches.
Olivier Perreau a accepté d’échanger sur les différents problèmes locomoteurs et les traitements possibles avec le Dr Simon Lang, vétérinaire technique et scientifique équin Boehringer Ingelheim Santé Animale France.
Dr Simon Lang : Bonjour Olivier, quelles sont les atteintes particulièrement impactantes pour toi, cavalier de haut niveau ?
Olivier Perreau : Concernant la sphère locomotrice, les principaux problèmes pour une écurie comme la mienne sont les traumatismes divers, les tendinites et les atteintes ostéo-cartilagineuses. L’arthrose est notamment un problème fréquent de contre-performance et d’arrêt de carrière précipité pour de nombreux chevaux de CSI.
Dr Simon Lang : Concrètement comment gères-tu ce problème d’arthrose à ton niveau, en tant que professionnel ?
Olivier Perreau : Je travaille en étroite collaboration avec mon vétérinaire équin. Il cherche à identifier la localisation précise et traiter les signes de l’inflammation et, si possible, gérer la cause de la boiterie.
D’ailleurs Simon, j’ai entendu parler de nouvelles pistes thérapeutiques notamment à base de cellules souches, est-ce que tu peux m’en dire un peu plus ?
Dr Simon Lang : Effectivement Olivier, les cellules souches sont une technologie récente en médecine équine, qui fait partie de la médecine régénérative.
Actuellement il existe des cellules souches visant à réparer le cartilage. On ne pourra cependant pas réparer une articulation complètement abimée.
Dans le cas de l’utilisation pour traiter l’arthrose, ces cellules souches vont proliférer et stimuler la régénération des composants de la matrice cartilagineuse. C’est pour cette raison qu’il est nécessaire d’avoir encore du cartilage.
Il existe au total 3 axes d’action : le premier est une action anti-inflammatoire, permettant de limiter l’extension de l’arthrose.
Ensuite comme évoqué, il y aura une augmentation de la production des composants du cartilage et de la matrice cartilagineuse, et enfin une activité chondroprotectrice.
Olivier Perreau : Effectivement cela semble prometteur ! Si je comprends bien, il vaut mieux l’utiliser dans les stades précoces et pas en dernier recours.
Est-ce que je peux demander à mon vétérinaire d’utiliser cela pour chaque boiterie sur mes chevaux ?
Dr Simon Lang : Malheureusement Olivier, ce n’est pas si simple. Pour le moment cette nouvelle technologie est applicable uniquement aux lésions arthrosiques. Il est nécessaire avant tout d’identifier la cause précise de boiterie, car ces cellules souches ne vont renouveler que le cartilage et n’auront donc pas d’effet sur une boiterie d’origine osseuse ou encore une boiterie tendineuse. Pour le moment nous ne sommes pas encore capables de régénérer ce genre de tissus (os/tendons).
Olivier Perreau : Cela reste donc une technologie de pointe pour une poignée de chevaux ?
Dr Simon Lang : Non pas forcément. Il est important d’envisager cette solution comme une véritable petite révolution en termes de médecine et surtout une première en médecine régénérative chez le cheval.
Jusqu’à présent, on cherchait à supprimer la douleur et l’inflammation en cas de boiterie mais pas forcément soigner la cause sous-jacente.
Ici, on agit en amont, en enrayant le processus arthrosique et en récupérant un cartilage de bonne qualité avec les mêmes propriétés mécaniques que le cartilage originel.
Et peut-être qui sait, à l’avenir nous serons capables d’adapter cette technologie pour d’autres tissus que le cartilage.
Découvrez le point de vue d’Olivier Perreau en images :
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