21.02.2021

Ulcères : tous les chevaux sont concernés

Nous pensons trop souvent que les ulcères ne concernent que les chevaux de sport et de course, alors que tous les chevaux, quelle que soit leur activité, peuvent être touchés par cette maladie. Un ulcère, plus généralement appelé syndrome d’ulcération gastrique, se définit comme une destruction plus ou moins profonde de la muqueuse de l’estomac. Il s’agit d’un phénomène très fréquent chez les chevaux, dû à l’augmentation de l’acidité dans l’estomac. 

Photo © Shutterstock

 

Quels chevaux sont touchés par cette maladie ?

Tous les chevaux peuvent être atteints, quel que soit leur catégorie : chevaux au repos, chevaux d’élevage (poulinières et poulains), chevaux de loisirs… Les chevaux de sport et de courses sont la première catégorie de chevaux touchés par ce type de maladie avec une fréquence pouvant atteindre les 100%. Concernant la catégorie des chevaux de loisirs, la fréquence est de 40% soit environ un cheval sur deux.

Pourquoi cette maladie impacte tous les chevaux et de manière aussi importante ? 

Les facteurs de risque sont multiples comme l’entraînement et la compétition, qui concernent les chevaux de sport ou de courses. 

Les autres facteurs de risque sont fréquents chez tous les chevaux : 

  • La vie en box : pour ceux qui restent enfermés une grande partie de la journée. En effet, le cheval est avant tout un herbivore qui, physiologiquement, mange de l’herbe 16 à 18 heures par jour. Si cela n’est pas le cas, l’acidité gastrique n’est plus contrebalancée par les bicarbonates de la salive. 
  • L’alimentation : lorsqu’elle est trop riche en céréales avec peu de foin, une diète prolongée, des intervalles entre les repas trop longs ou un accès à l’eau restreint. 
  • Les parasites de l’estomac comme les larves de gastérophiles qui irritent la muqueuse de l’estomac. 
  • Un traitement prolongé avec des anti-inflammatoires ou à forte dose. 
  • Le stress qui peut être causé par le transport, des soins ou l’environnement, notamment un cheval restant à l’écurie ou vivant dehors sans contact avec ses congénères. 
 Photo © D. Gautier 

Comment savoir si votre cheval est touché par cette maladie ? 

Cette maladie n’est pas facile à détecter. 

De nombreux symptômes non spécifiques peuvent être rencontrés en cas d’ulcères gastriques. Cependant, ils varient d’un individu à l’autre et ne sont pas forcément révélateurs de la gravité de l’affection. 

  • Intolérance à l’effort 
  • Mauvais état général associé à une perte de poids et un appétit capricieux 
  • Coliques aiguës ou chroniques et diarrhées 
  • Changements de comportement 
  • Caractère difficile ou au contraire un cheval un peu triste 

Attention, l’absence de symptômes ne signifie pas l’absence d’ulcères ! 

Votre vétérinaire peut s'appuyer sur deux étapes pour réaliser son diagnostic : 

  1. Le diagnostic clinique qui repose sur un examen minutieux de l’animal et un recueil méthodique de sa façon de vivre. 
  2. Le diagnostic de certitude qui se fait par la gastroscopie et permet de visualiser les lésions, de répertorier leurs localisations, nombre et sévérité. 

 

Comment éviter l’apparition des ulcères gastriques ? 

La gestion de l’alimentation et du mode de vie du cheval de loisirs est très importante pour éviter les ulcères. Lors d’ulcère avéré, le traitement médical seul, sans adaptation de l’environnement du cheval, est voué à l’échec. 

La vie au pré est l’idéal. Pour les chevaux vivant à l’écurie, il faut prévoir au moins des sorties quotidiennes au paddock, et proscrire le confinement au box. Il est également important d’alterner travail raisonné, repos et détente. 

Le foin doit être distribué en grande quantité et toujours avant les granulés. 

• Si le fourrage n’est pas à volonté, il convient de le distribuer en deux ou trois fois par jour plutôt qu’une

La luzerne a un effet tampon très intéressant pour apaiser l’acidité. Il est donc possible d’en distribuer une petite quantité tous les jours en plus du foin de pré. 

• Les céréales et les aliments riches en amidon sont à limiter. Le fractionnement de la ration en plusieurs petits repas dans la journée est fondamental afin d’éviter les concentrations élevées d’Acides Gras Volatils qui sont ulcérogènes. Il est également possible d’augmenter le taux énergétique de la ration en incorporant de l’huile végétale aux repas. 

• L'eau doit être laissée à disposition en permanence. 

• Il est important de ne pas exposer le cheval à des situations stressantes trop répétées. Le cheval aime la régularité ! 

• Une petite ration de foin est recommandée avant l’exercice pour éviter les éclaboussures du contenu gastrique sur les parois de l’estomac. 

• Une vermifugation est recommandée en fin d’automne, saison des gastérophiles. 

• Enfin, des inhibiteurs de la pompe à protons ou des protecteurs de la muqueuse peuvent également être administrés préventivement. Par exemple avant et pendant une situation stressante, comme lors d’un changement d’environnement, un transport... 

 

Photo © Shutterstock

En conclusion, il est important de retenir que les chevaux de loisirs peuvent également souffrir d’ulcères gastriques. Dans l’objectif de respecter leur bien-être, il convient d’être attentif à des signes cliniques discrets, de diagnostiquer et traiter les ulcères ainsi que la douleur associée si nécessaire. Enfin, il est primordial de prévenir les situations à risque par une bonne gestion de l’alimentation, de l’exercice et de l’environnement. 

 

Texte © Par le Dr Sophie Paul-Jeanjean, responsable technique et scientifique de la gamme équine Boehringer Ingelheim.

 

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